Première séance (quelques conseils) par Philippe Watrelot

Par Philippe Watrelot, professeur de SES, formateur Paris

Ce qui caractérise le métier d’enseignant c’est qu’on débute chaque année… Chaque classe est différente et tous les ans, comme disent les sportifs, on « remet son titre en jeu ». Les conseils qui suivent ont plus d’importance pour vous qui débutez mais sachez que tout le monde (sauf quelques inconscients ou j’menfoutistes) a une petite appréhension le jour de la rentrée. C’est normal !

La première séance est en effet importante car elle pose les bases de la relation que vous allez avoir avec les élèves tout au long de l’année. Par les paroles dites mais aussi toute la communication non-verbale (voix, posture, gestes, habillement, …), vous adressez des messages. Bien souvent c’est plus la manière dont les choses sont dites qui compte que ce qui sera dit vraiment !

Toutefois, il ne faudrait pas non plus conclure que « tout est joué » avec la première séance. De la même façon qu’on ne juge pas quelqu’un dès le premier regard, la relation avec une classe se construit dans une certaine durée.

Bonjour,….

Comme on l’a dit, il est normal d’avoir un peu peur. Pour autant, ne restez pas le nez dans vos notes, regardez les élèves.

Présentez-vous bien sûr, sans mentionner que vous êtes stagiaire : vous êtes simplement leur professeur de SES. Vérifiez très rapidement la concordance des emplois du temps (heures, salles…).

Les élèves sont attentifs aux aspects extérieurs, à la présentation de soi. Pensez-y ! Je me souviens d’un collègue qui a eu comme remarque d’un élève : « vous vous habillez chez Emmaus ? ». Dans le métier il n’y a (heureusement) pas de tenue imposée, mais il peut y avoir, dans ce domaine comme dans bien d’autres, des « cultures d’établissement ». Ne vous “déguisez“ pas pour autant, il faut que vous soyez à l’aise.

La communication n’est pas que verbale : la gestuelle, la voix (débit, intonation, intensité…) comptent. Pensez à votre « entrée en scène » !

Ne restez pas non plus assis derrière votre bureau, il faut occuper l’espace de la classe. Bougez !

Prenez une fiche…

Faut-il faire remplir des fiches de renseignement aux élèves ? C’est un choix à faire[1]. On s’aperçoit que la plupart des renseignements demandés sont accessibles facilement auprès du CPE… En tous cas, il est essentiel d’apprendre le plus vite possible le nom des élèves. Pour cela il peut être utile d’avoir des photos. Parfois le professeur principal réalise un trombinoscope…à voir.

Comment les appeler ? En tous cas par les prénoms. Tutoiement ou vouvoiement ? Les deux sont possibles. Je conseillerais le vouvoiement. Lorsqu’on fait l’appel, faites attention à l’orthographe et la prononciation des noms de familles. N’hésitez pas à demander aux élèves de vous corriger si vous prononcez mal. Il y sont très sensibles.

Comment les élèves doivent ils être placés dans la classe ?  Placement libre ou “plan de classe” ? Au collège, bien souvent, la place est fixée une fois pour toutes. Souvent au lycée, il n’en est pas de même. Mais de nombreux enseignants sont attachés à cette pratique qui peut être utile pour gérer certaines classes.

De quoi allons nous avoir besoin pour travailler… ?

Les élèves doivent avoir eu connaissance du manuel à se procurer. Insistez pour qu’ils l’aient le plus vite possible, mais comme ils ne l’auront pas tous tout de suite, il faut prévoir des supports de remplacement pour les premières séances (ça peut être aussi des photocopies des pages du manuel). Si vous faites le choix (raisonnable) d’utiliser en priorité les ressources du manuel, imposez la règle que tous les élèves l’aient à tous les cours (vous pouvez espérer ainsi que la moitié l’ait, en réalité).

Les élèves s’attendent, du moins s’il s’agit d’élèves de Seconde, à ce que vous indiquiez avec précision les « fournitures » exigées : cahier ou classeur etc. Là aussi à vous de choisir. N’oubliez pas aussi d’indiquer la nécessité d’avoir avec soi une calculatrice souvent utile pour quelques calculs simples

Ce que nous allons faire et comment nous allons le faire…

Annoncez rapidement la démarche de travail en SES. S’il s’agit d’élèves de Seconde c’est une matière nouvelle pour eux – sauf pour les doublants. Ne vous lancez surtout pas dans une vaste présentation des sciences sociales et dans les problèmes épistémologiques posés par l’existence d’un enseignement de sciences économiques ET sociales ! En revanche, une évocation rapide du programme de SES (grands points du programme, objectifs..) est possible ainsi qu’une présentation de notre enseignement dans l’enseignement secondaire (enseignement d’exploration en 2^nde , matière principale en  série ES). D’autant plus dans cette année de mise en œuvre de la réforme du lycée dans la classe de Seconde.

Vous pouvez indiquer aussi l’importance du travail sur documents, des « préparations » à faire à la maison, des liens avec l’actualité etc. Indiquez aussi la nature et la périodicité des évaluations. On peut facilement rassembler tout cela dans un petit document écrit distribué aux élèves.

On peut aussi consacrer un peu de temps à revenir sur les règles de vie que vous allez instituer dans la classe. Dire ce que l’on va faire et faire ce que l’on a dit est une exigence de  clarté du fonctionnement et de respect vis à vis des élèves. C’est pourquoi il faut toujours annoncer clairement les règles que l’on va suivre (sans se donner trop de contraintes non plus…)  et s’y tenir. Les élèves apprécieront cette “prévisibilité” mais… s’empresseront dans le même temps de la tester… !

D’une  manière générale, il est important de donner aux élèves des repères . Ceux ci peuvent prendre la forme d’objectifs énoncés ou de plan du cours et rappelés aux tableaux. mais cela peut être aussi un ensemble de rituels qui structurent l’entrée en cours et son déroulement.

Prenez enfin quelques minutes pour rappeler le lieu et l’heure de la prochaine séance et ce que vous allez y faire. N’oubliez pas enfin de remplir le cahier de textes.

En conclusion

Tâchez le plus vite possible de vous penser non plus comme un étudiant, mais comme un professeur.

Vous entrez dans un processus de socialisation secondaire et de formation, mais pour les élèves vous êtes d’entrée un professeur – certes plus jeune que la moyenne de leurs professeurs (surtout à Paris !) – comme les autres.

Bonne rentrée !

Philippe Watrelot

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