Une quinzaine d'années après leur création, les SES sont une discipline à la légitimité contestée. Retrouvez une partie des débats qui ont agité la discipline au tournant des années 1980 à travers trois rapports : le rapport Fourastié, le rapport Bourdin et le rapport Mercillion.
- le Rapport Fourastié (1976) - partie 1 | partie 2 : En 1975-1976, à l'initiative du ministère qui souhaite lancer une réflexion sur les sciences humaines, une commission présidée par Jean Fourastié, composée d’universitaires, de membres de l’Institut ou du Conseil économique et social, travaille et auditionne. Les résultats, plutôt favorables à la jeune discipline, préconisent une pluridisciplinarité élargie.
- le Rapport Bourdin (1980) : En 1979, lors d’une réforme projetée pour les lycées par le ministère Christian Beullac, un rapport sur les SES est demandé par le Premier ministre Raymond Barre à un professeur d’économie de l’université, qui fera ensuite une carrière politique à l’UMP, Joël Bourdin. Ce rapport (1980) se révèle quant à lui très critique, notamment à l’égard de l’interdisciplinarité des SES et des méthodes pédagogiques actives. Il estime que « la composante économique est sacrifiée », préconise un recentrage sur l’économie et une place accrue pour l’étude de l’entreprise et de la gestion, ainsi qu’une fusion des enseignements (et des agrégations) de sciences économiques et sociales et de sciences et techniques économiques (économie-gestion aujourd’hui).
- Le Rapport Mercillion (1980) : Suite à la publication du rapport Bourdin, le corps enseignant de SES se mobilise sur le thème de la pluridisciplinarité et des méthodes pédagogiques actives. Il organise une grève et une manifestation, avec comme slogan « Nous nous battrons pour un adjectif » (i.e. le « sociales » de SES). Il trouve des alliés à la fois au plan politique à gauche (dont deux futurs Premiers ministres : Laurent Fabius et Lionel Jospin), en cette veille de l’élection présidentielle de 1981, et auprès d’économistes de la haute administration (Jean-Claude Milleron, directeur de l’INSEE) et d’universitaires (dont Pierre Bourdieu et Alain Touraine), mais leur premier soutien est constitué par les élèves et leurs familles. Face à la contestation, le Ministère nomme une commission, avec à sa tête l'économiste Mercillion, pour étudier les propositions du rapport Bourdin. La partie est alors perdue par les tenants de l’orientation monodisciplinaire. En effet, l’agrégation de SES est sauvegardée, et si le rapport Bourdin aboutit à une réécriture des programmes en 1982, la pluridisciplinarité y est maintenue, tout comme l’approche par objets ou par thèmes. Ces programmes voient néanmoins triompher la dimension économique.